Le photographe Salah Chouli présente son travail du 8 au 27 juin à la galerie Hayasaki à Paris, avec une exposition baptisée « Errances ». Des pérégrinations qui l’ont souvent conduit en Russie.
Parmi les oeuvres exposées, de nombreux travaux réalisés à Moscou, Petrozavodsk ou Irkoutsk, révélant avec tendresse les contrastes d’une société en transition.
Comment avez-vous commencé votre travail sur la Russie?
Je suis tombé amoureux du pays en lisant Tolstoï et Dostoïevski. Je rêvais d’aller découvrir ce pays, et je me suis finalement lancé en 2011, en voyageant à Moscou et Saint-Pétersbourg. J’ai été fasciné par cet univers, nouveau pour moi. Ce pays en transition a été une terre de révélation, avec le choc que j’y ai ressenti entre le monde soviétique qui disparaît et le monde ultra-violent de la consommation à outrance. L’archétype en est le GOuM (grand magasin installé en face de la Place Rouge qui aligne les boutiques de luxe, ndlr) face au mausolée de Lénine. C’est une terre de confrontation.
Sur une des photos on ressent vraiment cette opposition entre deux mondes : celle où l’on voit la jeune femme et la babouchka (grand’ mère en russe)…
Son histoire est toute simple. J’étais à Moscou avec mes enfants. J’étais réveillé tôt – je suis souvent matinal. Je me suis rendu compte qu’il n’y avait plus de lait. Je suis descendu en acheter et là, cette scène s’est offerte à moi. Avec la grand-mère voûtée et la jeune-fille qui lui tourne le dos, la gouttière qui les sépare. Chacune porte un sac, qui contient des objets si différents…
Vous êtes ensuite retourné plusieurs fois en Russie?
J’y suis allé sept fois en tout. J’ai notamment pris le Transsibérien, sous le charme du livre de Dominique Fernandez Transsibérien. J’ai traversé Kazan, Ekaterinbourg, Tcheliabinsk, Novossibirsk, Irkoutsk. Je pensais aller beaucoup plus loin mais je me suis arrêté là, passionné par le foisonnement culturel incroyable que j’y ai trouvé, entre Mongolie, Chine, Ouzbékistan, Tadjikistan… Une autre année, je suis allé en Carélie, à Petrozavodsk. J’y ai trouvé une autre Russie, plus scandinave. C’est l’un des côtés intéressants de ce pays, ses multiples visages. Avec ce quelque chose qui les unit, une citoyenneté notamment. Enfin, je me suis rendu en Ukraine, notamment sur la Place Maïdan où j’ai passé plusieurs jours pendant les événements de 2014. Je suis vraiment triste de ce qui se passe dans ce pays.
Aujourd’hui, j’aimerais aller découvrir d’autres territoires. Peut-être l’Amérique du Sud…
Propos recueillis par Caroline
Adresse de la galerie: Galerie Hayasaki, 12 -14 rue des Jardins Saint Paul, 75 004 Paris France